Montpensier Finance crée une nouvelle activité sur le fixed income. Quelle solution allez-vous proposer à vos clients ?
Cette nouvelle activité a été impulsée par Sébastien Barbe, qui a géré et développé ce segment tout au long de sa carrière. Une équipe dédiée a été créée, composée de Charlotte Davain et Gilles Seurat. Charlotte a une expérience d’analyse financière et de gestion, côté sell-side et Buy-Side. Gilles Seurat a, quant à lui, rejoint Montpensier après 17 ans chez La Française, en Gestion Total Return. Coté intégration ESG, l’équipe ISR nous accompagne dans la sélection des titres et l’analyse extra-financière au sens large.
Nous venons de lancer M All Weather Bonds, un fonds total return obligataire global multi-stratégies. Nous trouvons que l’approche total return est particulièrement bien adaptée au marché des taux qui possède une grande variété de classes d’actifs, ce qui nous permet de générer de la performance si on lit bien les cycles économiques. Ce fonds met en œuvre le principe des « 3 C » cher à Montpensier Finance : nous analysons chaque stratégie selon notre degré de Conviction, son coté Contrariant et sa Convexité, et allouons des budgets de risque de manière à rechercher une allocation optimisée pour chaque environnement de marché.
Quelles sont vos principales convictions sur les emprunts d’Etats ?
La très forte de baisse de l’inflation (de 10,6% à 5,3% pour la Zone Euro) devrait se poursuivre d’ici la fin d’année : nous anticipons une inflation autour de 3% dès le mois de novembre. Cette baisse est naturellement un élément très favorable pour les marchés obligataires, d’autant que la BCE et la Fed s’approchent certainement de leur dernière hausse de taux. Historiquement, c’est une configuration favorable pour les obligations. Toutefois, ces éléments sont à tempérer par l’inversion historique des courbes des Etats Euro qui rend le portage sur les parties longues moins attractif et nous conduit à choisir une sensibilité aux taux longs mesurée.
Nous voyons beaucoup plus de valeur dans les obligations internationales : au Canada, en Corée du Sud, ou encore en Australie. Ces pays sont pénalisés par des marchés immobiliers fragiles et ont une inflation largement plus sage qu’en Zone Euro. Aux Etats-Unis, notre préférence va pour les obligations indexées sur l’inflation qui offrent des taux réels supérieurs à la croissance potentielle.
Est-ce le moment de renforcer le crédit ?
Les spreads de crédit se sont resserrés depuis un an. Le segment des Investment Grade offre un rendement corrigé de la volatilité qui nous semble actuellement peu attractif. Cependant la réouverture du primaire redonne des couleurs à ce gisement. Ainsi, sur la dernière semaine d’août les émetteurs corporate ont émis près de 17 milliards d’euros avec des conditions souvent favorables par rapport aux courbes secondaires.
Sur le segment du High Yield, nous sommes très sélectifs. Les bilans ne sont pas nécessairement inquiétants, mais les primes de risques sont faibles et on a bien vu que la volatilité peut vite revenir comme en mars sur l’épisode SVB. Nous gardons de la trésorerie – au rendement redevenu favorable – pour saisir les opportunités qui se présenteraient.
Les hybrides corporate nous paraissent, quant à elles, bien plus attractives : la volatilité est limitée et le rendement élevé pour des émetteurs aux bilans solides. De même, nous voyons des souches attrayantes dans l’univers des obligations convertibles : la classe d’actifs présente une décote spécifique par rapport à l’univers des obligations “classiques”. Enfin, nous sommes actifs sur certains crédits libellés en dollar qui offrent un portage ajusté de la couverture de change attractif.