Le cloud est une solution informatique permettant à tous d’accéder aux applications et aux données de manière nomade par une simple connexion internet. L’intérêt autour du cloud est grandissant, alimenté par la digitalisation, les nouvelles pratiques sociales et les nouveaux usages (e-commerce, réseaux sociaux, objets connectés, plateformes streaming, télétravail, etc.). L’intelligence artificielle (IA) renforce encore cette tendance.
Les acteurs du cloud sont omniprésents dans notre vie professionnelle et privée à l’exemple de AWS ou Microsoft dans les plateformes, Shopify pour l’e-commerce, Adyen et Paypal dans les fintech, SAP dans les logiciels collaboratifs, Trade Desk dans le big data ou encore Zscaler et Crowdstrike dans la cybersécurité.
Le potentiel de croissance de la thématique est conséquent. Le marché adressable devrait être multiplié par cinq entre 2022 et 2032 pour atteindre les 2.300 milliards de dollars (2.150 milliards d’euros). De plus, cette projection ne prend que partiellement en compte les nouvelles opportunités créées par l’essor de l’IA, encore difficilement quantifiables.
Source : Precedence Research 2023, Montpensier Finance
Le cloud est une thématique intrinsèquement liée à la révolution IA pour deux principales raisons. D’une part, le cloud a créé un socle technologique, qui a permis l’avènement et le développement de l’IA. D’autre part, la diffusion de l’IA dans nos économies ainsi que dans nos vies privées et professionnelles se fait et ne se fera que par des solutions logicielles et des applicatifs cloud.
L’IA, principal catalyseur
Le cloud profite d’un double effet positif. Premièrement, l’IA représente un driver long terme pour les grands équipementiers cloud. A titre illustratif, le marché des processeurs graphiques (GPU), utilisés pour entrainer les modèles LLM (Large Langage Models) capables de comprendre et de générer des textes en langage humain, devrait croitre en moyenne de +30% sur la période 2023-2032. Nvidia en est un leader incontesté.
Deuxièmement, les éditeurs de logiciels cloud SaaS seront aussi à terme des bénéficiaires, en gagnant en productivité et renforçant la valeur ajoutée de leurs solutions. Tous les principaux éditeurs de logiciels ont déjà entamé leur transition vers l’IA. ServiceNow a récemment intégré sa solution Now Assist au sein de ses applications métier (services IT, des relations clients et des ressources humaines).
Les solutions logicielles IA / Cloud sont classées selon 3troisdegrés de sophistication :
- L’automatisation de tâches basiques avec le pré-remplissage de documents ou la rédaction de compte rendu post-réunion ;
- L’assistance poussée avec des aides à la programmation ou des analyses quantitatives complexes ;
- L’exploration en utilisant les solutions IA pour réaliser de nouveaux contenus (images, films, sons, documents, etc.).
La relation ente cloud et IA devrait se poursuivre et même s’amplifier en raison des cycles d’investissements conséquents des leaders historiques du Cloud. Les quatre grands hyperscalers américains, Alphabet (maison-mère de Google), Microsoft, Amazon et Meta, ont prévu de dépenser, cette année, un total de 35 milliards de dollars en équipements et infrastructures IA. Cela représente une augmentation de 65% par rapport à 2023. Les investissements massifs sont également stimulés par d’autres grands acteurs technologiques mondiaux. Ainsi, les leaders chinois, Alibaba, Tencent et Baidu, comptent multiplier par 2,5 leurs dépenses cette année pour se repositionner dans la course à l’IA.
Source: Companies Data, Morgan Stanley Research, Montpensier Finance, mars 2024
Revenus réccurents
Un des avantages de la thématique repose aussi sur les caractéristiques de son business model as-a-Service. La grande majorité des revenus sont générés par des abonnements, gage de récurrence des revenus et donc de forte visibilité sur l’activité. Les entreprises du cloud perçoivent la quasi-totalité de leurs revenus avant de livrer leurs services : leur BFR est donc négatif.
Les sociétés arrivent souvent à générer très rapidement des flux de trésorerie positifs et donc à renforcer les caractéristiques de leur profil financier. Ces atouts, quasiment inégalés, s’ajoutent à des rythmes de croissance soutenus, supérieurs à +22% en 2023.
En termes de valorisations boursières, la thématique est revenue à des niveaux historiquement attractifs. En effet, l’EV / Sales moyen de l’univers est en baisse d’environ -72% par rapport au pic de janvier 2022. Le ratio est désormais inférieur à 6x les ventes, soit un niveau largement en-dessous de la moyenne 5 ans qui s’établit à 8x comme le montre le graphique ci-dessous.
Source : Bloomberg, Montpensier Finance, mai 2024
La cherté de la thématique cloud par rapport au Nasdaq s’est complètement effacée ; l’EV / Sales relatif entre les deux indices est revenu à 1,0x (graphique ci-dessous). La “prime Cloud”, qui repose à la fois sur des entreprises en croissance et génératrices de cash, devient donc plus attractive pour les investisseurs.
Source : Bloomberg, Montpensier Finance, mai 2024
Trois profils distincts
Pour mieux comprendre les acteurs du Cloud, il faut essayer de rechercher ceux ayant un profil financier rentable, générateur de cash et avec une stratégie de développement construite. Il est intéressant de distinguer trois profils de sociétés :
- Les leaders : ce sont les sociétés historiques du cloud, précurseurs dans son développement et au profil financier de qualité ;
- Les challengers : ces sociétés présentent une belle dynamique de croissance et un certain niveau de rentabilité. Il faut privilégier ceux dont les produits sont «best in class».
- Les climbers : ce sont les entreprises en forte croissance, mais encore à leur début en termes de développement et de rentabilité. Il faut repérer celles dont les nouveaux produits sont appréciés par le marché.
Equilibrer ces trois profils de sociétés nous paraît une bonne approche pour bénéficier des atouts de la thématique cloud boostée par l’IA.tribune