Le secteur de la santé représente un marché que les équipes de Montpensier Finance estiment à près de 9000 Md$ dans le monde, avec un taux de croissance moyen de près de deux fois supérieur à celui du PIB mondial, autour de 8% pour les prochaines années. Les dépenses de santé font partie des moins cycliques et se maintiennent lors des récessions. La sous-performance du secteur dans un environnement post covid perturbé constitue une opportunité majeure.
La connaissance complète des protéines codantes du génome humain au début des années 2000 et les progrès de la bio-informatique dans la mise au point rapide de candidats médicaments ont permis l’émergence de nouvelles modalités de traitement : anticorps complexes -bispécifiques et conjugués-, thérapie génique, thérapie cellulaire… qui sont autant d’espoirs pour le traitement des maladies chroniques ou incurables. Les anticorps conjugués sont notamment en voie de remplacer la chimiothérapie comme traitement standard des cancers. La publication récente dans Nature de la découverte d’un nouvel antibiotique grâce à l’IA illustre parfaitement l’accélération de la dynamique d’innovation.
Une actualité très riche qui offre des opportunités pour 2024
Le phénomène de l’année est sans conteste le développement exponentiel des combinaisons d’hormones GLP-1 dans l’obésité qui permettent des pertes de poids supérieures à 20% sans effets secondaires majeurs. Ce mal, qui touche plus du quart de la population occidentale, ne bénéficiait jusque-là d’aucun traitement réellement satisfaisant. L’étude Select de Novo Nordisk, parue en août dernier, a démontré une baisse de 20% de la mortalité cardiovasculaire suite à la prise de ces produits faisant du groupe la 1ère capitalisation boursière Européenne. Combinés à des données positives sur la fonction rénale, cette étude va favoriser la prise en charge par les payeurs des GLP-1 dont le marché adressable pourrait atteindre les 90 Md$ en 2030 soit une hausse de 80% des anticipations sur un an.
Cet immense succès a impacté de nombreux segments de la santé et notamment les medtechs. Les sociétés impliquées dans la fabrication de ces hormones de synthèse ont connu un parcours très flatteur. En revanche celles qui prennent en charge des pathologies devenant moins fréquentes avec la généralisation des GLP-1 ont largement baissé. Si ces mouvements peuvent être justifiés, certains excès ont offert des opportunités aux investisseurs. Les chirurgies des membres inférieurs pourraient ainsi être affectées à très long terme mais dans les années à venir la perte de poids permettra à certains patients inopérables de le devenir.
Après un creux début 2022 lié à l’incertitude monétaire, on a assisté à un rebond spectaculaire des acquisitions dans le secteur biotech avec un record de 21 opérations annoncées au 4ème trimestre. Les laboratoires ont profité des valorisations attractives alors qu’elles font face à des expirations brevetaires sensiblement plus importantes au cours des 5 prochaines années que lors des précédentes ; ce mouvement devrait donc se poursuivre en 2024. Combiné au rebond des marchés et à l’inflexion du cycle des banques centrales, on devrait assister à un nouveau cycle d’IPOs -après une chute des montants levés à 2 Md$ en 2023 contre 16 au pic de de 2021-dont on observe les prémices, apportant des financements à l’innovation.
La lutte contre le covid-19 a été une opportunité pour de nombreux acteurs du secteur dans le diagnostic ou encore les équipements de bio-production utilisés pour les vaccins mais toutes ces sociétés ont sensiblement reflué au cours des deux dernières années atteignant souvent des valorisations inférieures au niveau prépandémique. L’effondrement du risque covid perçu et la raréfaction du financement des biotechs en 2022 ont entraîné un déstockage massif qui touche désormais à sa fin alors que leurs facteurs de croissance structurels sont plus forts que jamais. Ainsi, l’approbation imminente d’un 2ème médicament contre la maladie d’Alzheimer par la FDA promet de générer d’importants volumes de production biologique.
Bien que moins agiles que les petites sociétés, les laboratoires ont encore un rôle majeur à jouer. Ils restent les plus à mêmes de distribuer au plus grand nombre les nouveaux traitements grâce à leur expertise accumulée. Ils sont capables de proposer les meilleures combinaisons de molécules dans le respect des contraintes budgétaires des payeurs. Il est indispensable d’être sélectif en privilégiant ceux qui conservent un faire savoir-faire de recherche en interne de pointe et qui concentrent leurs moyens sur un nombre limité d’aires thérapeutiques. Les laboratoires qui génèrent la part de leurs ventes la plus importante grâce à leur R&D interne sont les plus performants en bourse.
Comment investir dans la thématique ?
La santé entre dans une phase d’accélération structurelle de sa croissance grâce à l’innovation. Afin de capturer au mieux le plein potentiel de ces tendances globales, nous avons adopté une approche méthodique. Celle-ci repose sur trois segments privilégiés à fort potentiel :
- Le segment Diagnostic (300 milliards de dollars), comprend les entreprises actives dans les analyses biologiques et l’imagerie médicale qui permettent d’offrir les meilleurs produits à chaque patient.
- Le segment Découverte (350 milliards de dollars), vise à transformer les nouvelles modalités de traitements en médicaments qui changent le paradigme de traitement des pathologies au travers d’investissement dans des sociétés de biopharma et biotech.
- Le segment Production et Distribution (1.600 milliards de dollars), vise à capter les opportunités offertes par la complexification de la production qui pousse à la hausse des taux d’externalisation – 40% à ce jour – et favorise les laboratoires concentrés sur des franchises fortes.
Afin de capter au mieux le potentiel de l’innovation médicale, il convient d’offrir une exposition la plus pure à celle-ci en excluant les entreprises qui n’y participent qu’à la marge. Cela consiste à identifier les segments les plus prometteurs tout en s’assurant de la cohérence thématique des sociétés qui les composent.
Une sélection des titres optimale vise à rechercher les entreprises dotées de managements de qualité, ayant une vision long terme et des intérêts qui sont alignés avec ceux des actionnaires. La validation de la thèse d’investissement doit confrontée au réel que ce soit au travers de rencontres avec le management ou à l’avis d’experts internationaux spécialisés que l’on peut contacter via des réseaux dédiés. Un portefeuille équilibré doit compter entre 40 et 50 sociétés parmi les plus innovantes du secteur de la santé. L’objectif est de privilégier les entreprises disposant, d’avantages concurrentiels forts, d’un « pricing power » solide et de barrières à l’entrée notables.