En 2016, la fiscalité marginale sur l’épargne en France pouvait excéder 100%. Depuis 2018, avec la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% (auquel s’ajoute la contribution exceptionnelle de 3 % ou de 4 % sur les hauts revenus), la fiscalité de l’épargne s’est rapprochée de celle de nos trois grands voisins européens : Allemagne (taux forfaitaire de 26,4%), Espagne (taux progressif entre 19 et 26%), Italie (taux forfaitaire entre 12 et 26%).
Néanmoins, malgré cette réforme, la France conserve la tête du podium européen des prélèvements fiscaux sur l’épargne des ménages : ils représentent 11% du PIB en France, contre 9,5% en Italie, 8% en Espagne et 7% en Allemagne.
Or, l’épargne financière est nécessaire au financement de l’économie française. Elle sert à financer la dette de l’Etat via l’assurance-vie, au deux-tiers investie sur le marché obligataire, en dette souveraine et en obligations d’entreprises. Elle intervient également dans le financement du logement social au travers de l’épargne réglementée. Elle finance enfin l’économie productive, via le marché actions.
L’équation macro-économique voudrait que les besoins de financement des uns et les capacités de financement des autres s’équilibrent, autrement dit que l’épargne soit égale à l’investissement. Encore faut-il que cette épargne soit suffisante ! Or, si l’épargne des ménages français parait importante (15% du revenu disponible), elle est en réalité consacrée pour les 2/3 à l’immobilier, remboursement des crédits inclus. Il ne reste donc que 5% des revenus disponibles pour permettre aux Français d’améliorer leur retraite et de financer la dépendance.
Il nous faut donc disposer de davantage d’épargne longue pour financer l’investissement productif, long. Ce besoin d’épargne longue est d’autant plus important aujourd’hui que nous sommes à l’aube de changements majeurs, nécessitant des investissements colossaux, avec le vieillissement des populations et la transition vers une économie décarbonée.
Pour équilibrer l’équation, nous devons donc réfuter une idée fausse : l’alignement de la fiscalité des revenus du capital sur ceux du travail, qui est un non-sens économique. Car en effet, le capital est du travail accumulé, il a donc déjà été soumis à l’impôt.
Pour éviter des mesures fiscales démagogiques et le relèvement du PFU, l’AFG se mobilise auprès des pouvoirs publics pour faire entendre la voix de la raison. Elle porte aussi des propositions comme celle de l’extension des outils d’épargne existants pour en faire bénéficier le plus grand nombre (PER dans toutes les entreprises de plus de 50 personnes, PEA jeunes). Elle se mobilise également auprès du grand public pour sensibiliser les épargnants aux bénéfices de l’épargne en actions.
Par Guillaume DARD, Président de Montpensier Finance pour l’AFG repris sur H24 Finance