G. Dard (Montpensier Finance) : « La performance naît de l’alliance de la méthode et des talents »

11 janvier 2023

Année mouvementée sur les marchés, banques centrales naviguant à vue, incertitudes et risques à venir, les gérants ont eu et auront encore du grain à moudre en 2023. Éclairage avec Guillaume Dard, président et Sébastien Barbe, directeur général, Montpensier Finance.

Pourquoi avoir choisi de rejoindre Montpensier ?

Sébastien Barbe. J’apprécie Guillaume Dard depuis plusieurs années et suivais de près Montpensier Finance. Je connaissais sa gestion bien construite, son ADN tourné vers les clients et sa grande agilité. Les équipes sont talentueuses, compétentes et motivées dans les domaines de la gestion, des relations investisseurs et des fonctions opérationnelles. Je suis donc très heureux de retrouver l’entreprenariat et les investisseurs.

Pourquoi avoir fait appel à Sébastien Barbe ?

Guillaume Dard. Sébastien Barbe est un homme de grande expérience et une figure reconnue de la place de Paris, qui allie trois atouts : une longue expérience de la gestion au sein de sociétés reconnues, une expérience réussie d’entrepreneur avec le développement de Schelcher Prince Gestion, et des responsabilités importantes au sein du groupe Crédit Mutuel Arkéa où Sébastien a été membre du Comex et directeur du pôle assurances, gestion, immobilier. L’ensemble de ses qualités faisait de Sébastien un talent idéal pour rejoindre la direction générale de Montpensier Finance. De plus, ses valeurs correspondent à celles des équipes de Montpensier Finance : le sens du service à l’investisseur ainsi que la culture entrepreneuriale.

Que retenir de l’année 2022, chez Montpensier et sur les marchés ?

G. D. 2022 restera historique sur les marchés. L’emballement de l’inflation des deux côtés de l’Atlantique, le retour de la guerre en Europe, la fermeture prolongée de la Chine face au Covid, ont bouleversé le contexte économique. Les investisseurs ont dû absorber en très peu de temps un changement total de paradigme, que ce soit en matière monétaire, économique ou énergétique.

« Les investisseurs ont dû absorber en très peu de temps un changement total de paradigme »

S. B. Pourtant, malgré ce contexte difficile, les entreprises ont réussi à s’adapter. Les bénéfices par action continuent de progresser, y compris en Europe pourtant en première ligne face aux tumultes, et sur des segments de la cote particulièrement sous pression comme les petites et moyennes valeurs, où les valorisations deviennent très abordables.

G. D. Chez Montpensier nous avons gardé notre cap – rigueur, sélectivité, engagement ESG – et poursuivi notre approche multithématique pour accompagner les tendances puissantes de création de valeur. Nous nous appuyons également toujours sur la solidité de notre gestion Convertibles, qui bénéficie désormais du retour du rendement et du moteur de performance « taux ».

Qu’attendre de la Fed et de la BCE en 2023 ?

S. B. En 2022, les conditions financières se sont considérablement tendues, en Europe comme aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, après le cycle de hausses de taux le plus rapide depuis quarante ans, les marchés anticipent désormais des taux à 5 % au premier trimestre 2023. En Europe, le seuil des 3 % est attendu à cette échéance. Le chemin parcouru est phénoménal : n’oublions pas que les taux étaient encore négatifs en Europe début juillet ! Après un indubitable retard au démarrage, la Fed comme la BCE ont eu peur d’une inflation qui s’emballe, avec des anticipations de hausses de prix durablement élevées induisant une forte probabilité de boucle prix-salaires.

G. D. Le paradigme risque de se renverser en 2023. Les indicateurs avancés d’inflation sont tous en baisse sensible aux États-Unis, et, même en Europe, les prix à la production ont récemment marqué un net infléchissement. La Fed pourrait ainsi marquer une pause en 2023. La situation de la BCE est plus complexe en raison, d’une part, de la grande fragmentation économique du continent, avec des taux d’inflation deux à trois fois plus élevés en Europe centrale et dans les Pays baltes qu’en France par exemple, et d’autre part, de la crise énergétique qui fait planer sur l’Union une double menace de récession et d’inflation. La pause aura lieu avec un peu de décalage avec la Fed.

Quels sont les principaux risques macro à surveiller ?

G. D. Le premier risque à surveiller est celui d’un échec des plans de relance de l’activité en Chine. Normalement, la croissance du pays devrait approcher 4,5 % en 2023. L’allègement progressif des contraintes sanitaires, la stabilisation du secteur immobilier et le desserrement du crédit, devraient redonner de l’élan à la deuxième économie mondiale. Le second risque pour 2023 serait un resserrement fiscal trop prononcé aux États-Unis, dans le sillage de la victoire étroite des Républicains à la Chambre, et surtout une épreuve de force autour du relèvement du plafond de la dette américaine au premier semestre.

S. B. Un autre risque majeur réside dans l’aggravation de la fragilité de l’approvisionnement énergétique mondial. C’est vrai bien sûr en Europe, où la préparation de l’hiver 2023-2024 s’annonce complexe, mais aussi dans le reste du monde avec des tensions croissantes entre l’Iran et l’Arabie saoudite.

Quelle sont vos perspectives de marché pour 2023 ?

S. B. Nous sommes constructifs pour 2023 car les valorisations sont devenues très raisonnables, en particulier en Europe, et les entreprises ont montré leur capacité d’adaptation depuis l’irruption de la pandémie. En outre, après avoir dépensé beaucoup pendant la pandémie, puis pour contrer la crise énergétique, les États ne pourront pas resserrer la vis trop vite, il faut bien financer l’impératif de transition énergétique et de décarbonation ! Néanmoins, une grande attention devra être portée à trois éléments clés : l’environnement monétaire, la relance chinoise et les tensions géopolitiques.

« Une grande attention devra être portée à trois éléments clés : l’environnement monétaire, la relance chinoise et les tensions géopolitiques »

G. D. Après avoir normalisé très rapidement leurs politiques monétaires, les banques centrales pourraient profiter de la décrue de l’inflation pour faire une pause début 2023, voire inverser le mouvement pour la Fed. La Chine est le deuxième point d’attention pour 2023. La baisse de régime de la croissance en 2022 y a été spectaculaire, au point d’être dépassée par les autres pays de la région, une première depuis trente ans ! Un assouplissement de la politique zéro Covid, une stabilisation du secteur immobilier et le retour de la confiance sont nécessaires pour envisager le retour du moteur chinois de l’économie mondiale. Nous pensons que le gouvernement chinois voudra montrer qu’il est toujours capable d’apporter prospérité et stabilité sociale.  

S. B. L’évolution de la situation géopolitique mondiale est le troisième élément à suivre l’année prochaine. Outre le conflit en Ukraine, à l’issue toujours incertaine, l’évolution de la situation au Moyen-Orient entre l’Iran et l’Arabie saoudite et les craintes dans le détroit de Taïwan seront toujours au centre du jeu. Une baisse des tensions serait très positive mais elle reste incertaine.

Quelle est votre stratégie globale sur les thématiques ?

G. D. Notre stratégie consiste à identifier des mégatendances ou des super-cycles et à définir des axes thématiques clairs offrant à nos investisseurs un outil permettant d’en capturer l’essence. Une fois nos univers d’investissement définis, nous nous appuyons sur des méthodes propriétaires pour la sélection de valeurs et la construction de portefeuille. Ainsi, notre objectif est d’avoir un alignement entre des thématiques porteuses et du stock picking fondamental.

S. B. Nous abordons les thématiques de manière globale. À titre d’exemple, M Climate Solutions s’articule autour de trois vecteurs : énergie responsable, transport efficient et préservation du capital terrestre. Aesculape SRI, notre fonds santé, cherche à adresser les problématiques du diagnostic, de la découverte mais également de la production et la distribution des nouvelles modalités de traitement. M Sport Solutions SRI intègre bien entendu les équipementiers mais également des segments associés à l’économie du sport. Et, le dernier-né de la gamme, M Cloud Leaders, se concentre sur les leaders et les disrupteurs du marché du SAAS.

Quelle est la feuille de route de Montpensier Finance pour 2023 et au-delà ?

G. D. Notre conviction est que la performance naît de l’alliance de la méthode et des talents. Notre priorité est donc de continuer à recruter de nouveaux talents et à améliorer en permanence nos méthodes, incluant une forte dimension ISR.  En nous appuyant sur notre triple expertise de gestion, actions, obligations convertibles et multi-asset, nous poursuivrons en 2023 notre développement. À l’international, notre partenariat avec Amundi nous permettra de prolonger nos avancées. Dans le nouveau contexte des taux d’intérêt, nous souhaitons par ailleurs élargir notre expertise dans le domaine du Fixed Income.