Longtemps cantonnées aux thématiques environnementales et technologiques, certaines sociétés de gestion sortent des sentiers battus. C’est le cas de Montpensier Finance qui a lancé en 2020 un fonds axé sur le sport et le bien-être. Nicolas Kieffer, gérant du fonds M Sport Solutions SRI, répond à nos questions.
Décideurs. Quel est l’intérêt pour les investisseurs de s’exposer au thème du sport ?
Nicolas Kieffer. Lorsqu’on s’intéresse à une thématique chez Montpensier, nous examinons le marché adressable pendant une longue période, en étudiant la profondeur de l’univers, les sous-segments de marché et bien sûr leur potentiel de croissance. Le marché du sport et du bien-être est beaucoup plus étendu qu’on ne le pense, estimé à 4 500 milliards de dollars avec un taux de croissance moyen près de deux fois supérieur à celui du PIB mondial, autour de 8 % sur les prochaines années. L’attrait de la thématique réside également dans la diversité de ses moteurs de croissance, qui sont nombreux et très complémentaires.
Est-ce un effet de mode ou une tendance structurelle ?
Le début de la pandémie a marqué un tournant pour ce marché. Les populations ont très rapidement compris l’importance de rechercher un style de vie actif et sain. Cela s’est d’abord traduit par une explosion de la pratique sportive individuelle puis par les activités de plein-air lorsque les restrictions ont commencé à être levées. En parallèle, une tendance déjà présente auparavant s’est fortement accélérée, celle de la « casualisation » ; la tenue formelle laissant progressivement sa place à la tenue sportwear, bien plus adaptée aux styles de vie actuels. Nous estimons qu’il s’agit d’un véritable changement structurel, un nouveau super-cycle dans le monde entier.
Quelles sont les spécificités du fonds M Sport Solutions SRI ?
Nous axons notre approche autour de trois grands segments que sont les équipementiers sportifs, les solutions permettant de vivre mieux et plus sainement et l’économie du sport professionnel dont fait partie le e-sport, à savoir les compétitions de jeux vidéo en ligne. La répartition sur ces trois vecteurs, tout comme l’allocation géographique, est la résultante de notre stock-picking.
Plus de 85 % du portefeuille sont investis dans des sociétés qui ont plus de 50 % de leur chiffre d’affaires dans le sport et le bien-être
Notre conviction est qu’il faut offrir l’exposition la plus pure à celle-ci. C’est la raison pour laquelle plus de 85 % du portefeuille sont investis dans des sociétés qui ont plus de 50 % de leur chiffre d’affaires dans le sport et le bien-être.
Le fonds est Article 9 SFDR et labellisé ISR, parlez-nous du processus d’investissement.
Notre processus de sélection intègre à tous les niveaux des critères financiers et extra-financiers. Notre analyse ESG repose d’une part sur l’exclusion de certaines activités controversées et de sociétés les plus mal notées et/ou faisant l’objet de controverses sévères. Interviennent ensuite deux outils propriétaires, le « Montpensier Governance Flag » qui analyse l’alignement d’intérêt entre le management et l’ensemble des parties prenantes et le « Montpensier lmpact Assessment » qui analyse la contribution des entreprises aux Objectifs de développement durable des Nations unies. Cette analyse fait l’objet d’un reporting d’impact détaillé.
Quel est l’impact de la macroéconomie sur votre thématique ?
La hausse des taux d’intérêt a un effet mécanique sur ces valeurs. Ce qu’on observe néanmoins, c’est la volatilité des taux qui impacte particulièrement ces sociétés, plus que leur niveau absolu, même lorsqu’il est élevé. D’un point de vue macroéconomique, l’inflation et les anticipations de récession qui pèsent sur les principaux marchés ont un impact significatif sur les sociétés de consommation discrétionnaire, qui sont fortement représentées dans notre portefeuille. C’est pourquoi il est important de se concentrer sur des sociétés qui disposent de véritables avantages concurrentiels, de barrières à l’entrée et d’un pricing power solide.
Pouvez-vous nous donner un titre que vous appréciez particulièrement ?
Une de nos principales convictions est Lululemon, équipementier sportif canadien, qui a débuté dans les vêtements spécialisés pour la pratique du yoga avant de se diversifier dans d’autres disciplines très dynamiques comme le fitness ou encore le running. Cette société dispose d’une véritable expertise dans les textiles techniques, d’une image de marque très forte et d’un positionnement premium lui permettant d’avoir un pricing power certain.
Par Nicolas Kieffer, Gérant du fonds M Sport Solutions SRI chez Montpensier Finance