Le chaos international et la tragédie en Israël assombrissent l’horizon. Parallèlement de timides éclaircies apparaissent tant au plan monétaire qu’économique.
Des comparaisons avec la Guerre de Kippour se multiplient pour tenter d’évaluer les conséquences pour l’économie et les marchés financiers de ce terrible drame.
Pour les analystes une évidence a vite fait consensus : le cours du pétrole et les taux des emprunts d’état les mieux notés, seraient au cœur de toutes les hypothèses et constitueraient le baromètre des craintes quant à un possible embrasement du Moyen-Orient.
En dépit d’une brève tension le lundi 9 octobre, et au regard de l’extrême violence de ces événements, les variations de ces deux indicateurs clés sont finalement restées modérées au cours de la semaine, dans l’attente de développements géopolitiques toujours possibles.
Ces derniers jours ont apporté de l’eau au moulin du camp des optimistes, ceux qui considèrent qu’après le krach obligataire de ces dix-huit derniers mois et les corrections successives des marchés actions malgré des résultats d’entreprises convenables, le temps est venu pour une approche plus constructive.
Le premier motif d’espoir est venu des banques centrales. Les déclarations des membres des comités de politique monétaire de la Fed comme de la BCE s’enchainent depuis le 6 octobre et toutes vont dans le même sens : le cycle de hausses de taux touche à sa fin et la stabilité est désormais de mise.
Même s’ils ne vont pas – encore ? – jusqu’à promettre de nouveaux soutiens en cas de ralentissement trop prononcé de l’activité, le temps des déclarations martiales quant à leur inclinaison à en faire plutôt trop que pas assez dans leur lutte contre l’inflation, quitte à briser la dynamique économique, semble bel et bien terminé.
C’est tout d’abord Philip Jefferson, le nouveau vice-président de la Fed depuis sa prestation de serment du 13 septembre 2023, qui, le 9 octobre, a précisé que, même s’il lui semblait trop tôt pour affirmer que les taux ne seront plus relevés, la période était désormais celle d’une gestion prudente des risques après le très fort resserrement monétaire effectué depuis mars 2022.
Côté BCE, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, souvent au barycentre des jeux subtils à Francfort entre partisans de l’orthodoxie et défenseurs d’une approche plus équilibrée, a précisé le 13 octobre que le niveau des taux était « approprié » et que la durée du palier lui paraissait désormais plus important que les niveaux.
Bien sûr, toutes les voix ne sont pas encore alignées, à commencer par l’autrichien Robert Holzmann, qui penche ouvertement vers la poursuite du mouvement de hausse entamée en juillet 2022, tout comme son homologue Outre-Atlantique de la Fed de Cleveland, Loretta Mester. Mais le vent a clairement tourné, probablement poussé aussi par la tempête au Moyen Orient.
Cet élément majeur pour les marchés – la première étape du très désiré « pivot » – se double de quelques « pousses vertes » économiques qui pourraient consolider un scénario de reprise graduelle de l’économie mondiale, en commençant par le cycle industriel.
En effet, l’activité manufacturière mondiale – à l’exception notable de l’Europe, pénalisée par l’Allemagne et la France – semble se stabiliser depuis quelques mois. L’espoir vient en particulier de Chine, où les autorités, sans toutefois prendre la pleine mesure des risques qui pèsent sur la demande finale, paraissent décidées à relancer plus vigoureusement les investissements.
Un plan de 137 milliards de dollars, dédié aux infrastructures, a en effet été évoqué lundi 9 octobre par des sources économiques proches de Pékin. Même si cela ne représente que 0,8% du PIB chinois, c’est clairement un pas dans la bonne direction pour sortir l’économie de son atonie post-CoVid. En outre, le montant agrégé des financements à l’économie de l’Empire du Milieu, publié le 13 octobre, à plus de 4100 milliards de Yuan, est ressorti nettement supérieur aux attentes.
Cela viendrait consolider de premiers chiffres chinois encourageants sortis mi-septembre, faisant état d’une production industrielle en hausse de 4.5% sur un an, confortée par des chiffres également encourageants quant au raffinage (+19,6%), à la production d’électricité (+1,1%), d’automobiles (+4,5%) ou encore d’acier (+11,5%).
Les Etats-Unis montrent également une résistance intéressante de leur tissu industriel, non seulement via le boom sans précédent des investissements, tractés par les subventions de l’IRA et du CHIPS act, mais aussi dans les commandes de biens durables, en progression surprise de 0,2% en septembre.
Bien sûr, tout n’est pas encore aligné pour que la reprise se diffuse rapidement et permette un rebond durable et puissant des marchés et les inquiétudes sont toujours bien présentes : la saison des résultats et des prévisions des entreprises sera déterminante.
Par Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance