Par Olivier de Royère, gérant actions thématiques internationales du fonds Aesculape SRI – Better Health.
Le secteur de la santé représente un marché que les équipes de Montpensier Finance estiment à environ 8.500 milliards de dollars (8.188 milliards d’euros) dans le monde, avec un taux de croissance près de deux fois supérieur à celui du PIB mondial, autour de 8% en moyenne pour les prochaines années. Les dépenses de santé font partie des moins cycliques et se maintiennent lors des récessions.
La pandémie de Covid 19 et ses conséquences sociales ont fait comprendre aux états du monde entier la nécessité de disposer d’un système de santé performant et innovant.
Malgré quelques limites, l’immense succès de l’ARNm qui a permis de mettre au point un vaccin en un temps record ouvre une réflexion sur le raccourcissement des temps de développement avec une amélioration potentielle de la productivité de la recherche et développement (R&D). Il symbolise le potentiel offert par les multiples nouvelles modalités de traitement : anticorps complexes -bispécifiques et conjugués-, thérapie génique, thérapie cellulaire… dans la mise au point de nouveaux médicaments. Les progrès de la technologie au travers de la capacité à proposer un grand nombre de candidats médicaments grâce à l’intelligence artificielle (IA) sont également déterminants. Ainsi, nous pensons que le secteur de la santé est au début d’une vague d’innovation sans précédent au bénéfice premier des patients.
Des avancées importantes
Parmi les progrès les plus notable de l’année, on note la percée des combinaisons d’hormones GLP-1 d’Eli Llily et Novo Nordisk dans l’obésité qui permettent des pertes de poids supérieures à 20% sans effets secondaires majeurs. Ce mal, qui touche plus du quart de la population occidentale, ne bénéficiait jusque-là d’aucun traitement réellement satisfaisant. Un marché d’au moins 50 milliards de dollars s’ouvre ainsi au cours de la prochaine décennie.
Première cause de mortalité, notamment précoce, dans les pays développés, les cancers concentrent logiquement la plus grande part de l’innovation médicale. Leur diagnostic précoce grâce à l’imagerie médicale couplée à l’IA ou encore les biopsies liquides est porteur d’espoir alors que le taux de rémission des cancers primaires est bien plus élevé que celui des cancers métastatiques. Le séquençage génomique des tumeurs est clé pour orienter les traitements – remboursés en moyenne 150.000 dollars par an – vers les populations sur lesquels ils sont efficaces. Sur le plan thérapeutique, si les progrès sont généralement incrémentaux, il arrive que des progrès spectaculaires apparaissent en quelques années. Après le mélanome, suite à l’émergence de l’immuno-oncologie, le myélome multiple – tumeur de la moelle épinière et du sang – est en voie de se transformer en maladie chronique grâce aux anticorps complexes et à la thérapie cellulaire.
Les innovations médicales permettent l’émergence de « biopharmas » ayant des plateformes technologiques pour générer des nouveaux candidats médicaments de manière régulière et reproductible sur des cibles thérapeutiques différentes. Ces sociétés ont ainsi beaucoup plus de valeur pour les investisseurs comme pour les grands laboratoires dans des scénarios de fusions et acquisitions (M&A).
Bien que moins agiles que les petites sociétés, les laboratoires ont encore un rôle majeur à jouer. Ils restent les plus à mêmes de distribuer au plus grand nombre les nouveaux traitements grâce à leur expertise accumulée. Ilssont capables de proposer les meilleures combinaisons de molécules dans le respect des contraintes budgétaires des payeurs. Il est indispensable de privilégier ceux qui conservent un faire savoir-faire de recherche en interne de pointe.
Comment investir dans la thématique ?
La santé entre dans une phase d’accélération structurelle de sa croissance grâce à l’innovation. Afin de capturer au mieux le plein potentiel de ces tendances globales, nous avons adopté une approche méthodique. Celle-ci repose sur trois segments privilégiés à fort potentiel :
- Le segment diagnostic (250 milliards de dollars), comprend les entreprises actives dans les analyses biologiques et l’imagerie médicale qui permettent d’offrir les meilleurs produits à chaque patient.
- Le segment découverte (350 milliards de dollars), vise à transformer les nouvelles modalités de traitements en médicaments qui changent le paradigme de traitement des pathologies.
- Le segment production et distribution (1.500 milliards de dollars), vise à capter les opportunités offertes par la complexification de la production qui pousse à la hausse des taux d’externalisation – 40% à ce jour – et favorise les laboratoires concentrés sur des franchises fortes.
Afin de capter au mieux le potentiel de l’innovation médicale, il convient d’offrir une exposition la plus pure à celle-ci en excluant les entreprises qui n’y participent qu’à la marge. Cela consiste à identifier les segments les plus prometteurs tout en s’assurant de la cohérence thématique des sociétés qui les composent.
Une sélection des titres optimale vise à rechercher les entreprises dotées de managements de qualité, ayant une vision long terme et des intérêts qui sont alignés avec ceux des actionnaires. La validation de la thèse d’investissement doit confrontée au réel que ce soit au travers de rencontres avec le management ou à l’avis d’experts internationaux spécialisés que l’on peut contacter via des réseaux dédiés. Un portefeuille équilibré doit compter entre 40 et 50 sociétés parmi les plus innovantes du secteur de la santé. L’objectif est de privilégier les entreprises disposant, d’avantages concurrentiels forts, d’un « pricing power » solide et de barrières à l’entrée notables.
Par Olivier De Royère, Gérant du fonds Aesculape SRI chez Montpensier Finance